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Le temps presse, honorable Pablo!

GEN - RAMEZ AYOUB CANDIDAT LIBÉRAL FÉDÉRAL
Pablo Rodriguez Photo d'archives


Après l’élection, la « lettre de mandat » de Justin Trudeau à Pablo Rodriguez lui en demandait plus qu’à tous les autres ministres.

Était-ce une marque de confiance envers un ministre qui était de retour au Patrimoine ? Était-ce la preuve que le gouvernement s’était traîné les pieds depuis trop longtemps ? Quoi qu’il en soit, le premier ministre demandait à Pablo Rodriguez de faire en 100 jours ce que ni Mélanie Joly ni Steven Guilbeault n’avaient réussi depuis 2015.

Si le variant Omicron a « sauvé » Rodriguez du sommet sur la relance du secteur culturel qu’il devait tenir à Ottawa, fin janvier, il n’en gardait pas moins « l’obligation » de réintroduire dans les 100 jours la réforme de la loi sur la radiodiffusion et d’instaurer « selon le modèle australien » une loi obligeant les géants du web à partager leurs revenus de publicité avec les organismes canadiens d’information.

Durant ses temps libres (!), le ministre doit refaire une beauté au projet de loi sur les propos haineux en ligne, amender la loi sur le droit d’auteur, réviser le mandat de Radio-Canada tout en mettant en œuvre mille autres choses, dont la relance et l’exportation des arts et de la culture, la « modernisation » de Téléfilm et du Fonds des médias, etc., etc.

LE GOUROU MICHAEL GEIST

Le projet de loi C-10, qui rajeunissait la loi de la radiodiffusion vieille de 30 ans, est mort au feuilleton lorsque Trudeau a déclenché la dernière élection. Le projet qu’a présenté Rodriguez en première lecture, le 2 février dernier, s’appelle C-11 et s’intitule Loi sur la diffusion continue en ligne. Chauffés à blanc par Michael Geist, gourou autoproclamé de l’audiovisuel de l’Université d’Ottawa, les conservateurs avaient déchiré leurs chemises sur le projet de loi C-10. 

Ils avaient brandi le drapeau de la liberté d’expression, convaincus par Geist que le CRTC, responsable de l’application de la loi, allait tout régir, même le contenu qu’un simple individu diffuserait sur un réseau social. La nouvelle mouture du projet de loi est plus claire. 

Si, par exemple, Pablo Rodriguez veut envoyer en ligne une vidéo dans laquelle il gratte sa guitare et chante Don’t cry for me Argentina, le CRTC fermera les yeux... peut-être même les oreilles ! En d’autres mots, pas question de réglementer ce qu’un individu envoie en ligne, sauf si c’est un professionnel qui le fait sur YouTube ou une autre plateforme pour en tirer un revenu.

LES CONSERVATEURS N’APPRENNENT PAS

Les conservateurs, qui boivent les propos de Geist comme du petit-lait, sont convaincus que le gouvernement cherche sournoisement à réglementer internet. Ils feront donc une fois de plus des pieds et des mains pour retarder l’adoption du nouveau projet de loi, soutenu par le NPD, le Bloc québécois et tout ce qui grouille dans le monde des arts et de la culture.

Ni Andrew Scheer ni Erin O’Toole n’ont tiré de leçon des coupes en culture de Steven Harper qui l’avaient privé d’un gouvernement majoritaire. C’est James Moore, ministre du Patrimoine sous Harper, qui le dit. 

S’adressant, mardi, au séminaire virtuel Prime Time de l’Association des producteurs de langue anglaise, il a déclaré « qu’en matière de culture, le parti conservateur manque malheureusement de maturité ». Ce n’est pas avec Pierre Poilièvre qu’il deviendra mature culturellement.

Lui et Sheila Copps, qui participait au même séminaire, recommandent à Pablo Rodriguez d’agir vite. Le temps presse devant l’invasion irrésistible des géants du web, sans compter que le gouvernement Trudeau est peut-être plus fragile qu’il n’y paraît.

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