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Netflix, une machine à imprimer des dollars

Bloc Netflix
Photo Reuters


En créant Netflix, Reed Hastings a mis au point une authentique machine à imprimer de l’argent.

Netflix empochera cette année 30 milliards $ US, soit 37 milliards $ canadiens. C’est neuf fois le budget de la Ville de Montréal. Loin de plafonner comme on aurait pu l’espérer, les revenus de Netflix ne cessent de croître. Bloomberg estime que Le jeu du calmar seul a rapporté 891 millions $ US. Six à 10 fois ce que Netflix a payé pour les droits aux producteurs coréens.

De tous les services par contournement américains, Netflix est le plus transparent, même s’il reste encore très discret. En septembre 2014, Corie Wright, directrice politique de Netflix, avait refusé de révéler au président du CRTC le nombre des abonnés canadiens. Depuis 2019, Netflix a divisé le monde en quatre grandes régions pour lesquelles on publie des statistiques. Rien de trop compromettant. Pour le Canada, par exemple, Netflix estime qu’on n’a qu’à diviser par 10 les revenus de sa région UCAN (USA et Canada) !

LE CÉLÈBRE VOYAGE DE MÉLANIE

En 2017, Mélanie Joly, ministre du Patrimoine de l’époque, est revenue triomphante de son désormais célèbre voyage à Los Gatos, berceau de Netflix. 

Elle avait dans sa sacoche, disait-elle, une entente (que personne n’a jamais vue) voulant que Netflix dépense au Canada 500 millions $ US sur cinq ans. Les cinq ans achèvent. De toute évidence, Netflix a dépensé beaucoup plus. Mais le gros de ces millions a été investi dans des productions qui n’ont de canadiennes que les sueurs de nos techniciens et artisans.

Côté francophone, l’effort de Netflix a été minimal. Il y a bien eu quelques spectacles dont on a acheté les droits, le long métrage Jusqu’au déclin de Patrice Laliberté, quelques centaines de milliers de dollars pour des écoles de formation et des bourses spécialisées, mais rien de comparable à ce qu’on a dépensé en Colombie-Britannique et en Ontario. À Toronto, Netflix occupe chez Pinewood et chez Cinespace 250 000 pieds carrés de studios et a établi son quartier général dans la capitale ontarienne.

Pour bon nombre d’artistes et d’artisans qui se fichent comme de l’an quarante de l’origine d’une production, l’argent que Netflix dépense chez nous est une manne inespérée. 

Tout spécialisé qu’il soit en propriété intellectuelle, Michael Geist, titulaire d’une chaire à l’Université d’Ottawa, est le chef de file de ceux qui sont convaincus que notre télévision et notre cinéma n’ont plus besoin d’aide gouvernementale, compte tenu, entre autres, des sommes que Netflix dépense au Canada. 

Konrad von Finckenstein lui-même, président du CRTC de 2007 à 2012, est de cet avis.

AURONT-ILS DROIT AUX AVANTAGES ?

Une fois que sera adopté par les Communes le « nouveau » projet de loi C-10, que présentera Pablo Rodriguez, le « nouveau » ministre du Patrimoine, rien n’assure que les streamers américains accepteront sans d’abord combattre bec et ongles le principe de verser une quote-part de leurs revenus pour la production de films et de séries originales canadiennes. 

Netflix, qui semble aujourd’hui plus docile que les autres, sera peut-être le premier à vouloir s’y soustraire, faisant valoir tout l’argent qu’il dépense déjà au Canada.

Lorsque Netflix, Disney et les autres contribueront, ils exigeront sûrement de profiter des avantages auxquels auront droit leurs concurrents canadiens. On se trouvera peut-être alors dans la situation surréaliste de verser des subventions à des sociétés comme Netflix, dont le budget de production atteindra 20 milliards $ US en 2023. Presque 20 fois celui de tous nos réseaux de télévision combinés.

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