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Le 20 novembre, une date cruciale pour notre télé



La survie de notre télévision pourrait bien dépendre de la consultation cruciale du CRTC qui s’ouvrira le 20 novembre.

Durant trois semaines, 129 intervenants comparaîtront devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes pour débattre de l’avenir de la télévision. Cette énième consultation fait suite à l’entrée en vigueur, le 27 avril dernier, de la Loi sur la diffusion continue en ligne. 

Si mes renseignements sont exacts, Pierre Karl Péladeau sera le premier à comparaître. Une comparution qui risque d’être très divertissante, car l’homme n’a pas la langue dans sa poche et TVA, joyau de l’empire télévisuel de Québecor, ne roule plus sur l’or. Même si les cotes d’écoute de la télé québécoise se maintiennent à un niveau qui étonne, les grands annonceurs abandonnent graduellement la télévision linéaire en faveur des plateformes et des réseaux sociaux.

Des dizaines d’interventions suivront celle de M. Péladeau. La plupart iront dans le même sens que la sienne. Producteurs, réalisateurs, auteurs et artistes, à peu près tout ce qui grouille et grenouille dans le monde des médias est conscient que la télévision traditionnelle mourra à petit feu si les grandes plateformes comme Netflix, Disney+ et les autres ne contribuent pas à notre système de radiodiffusion. Il y aura seulement quelques voix dissidentes, dont certains diffuseurs en quête d’allègement de leurs obligations et Michael Geist, l’ineffable gourou de l’Université d’Ottawa.

UN ENJEU DÉTERMINANT

La plupart des téléspectateurs ne sont pas conscients de l’enjeu auquel fait face la télévision linéaire. Si la situation actuelle devait perdurer, les émissions d’information et d’affaires publiques et les séries qui sont à notre image se réduiront comme peau de chagrin. Des plateformes qui nous coûteront de plus en plus cher remplaceront la télévision hertzienne gratuite que nous avons depuis qu’elle existe ou celle à petits prix relayée par le câble, la fibre ou le satellite.  

Cette ultime séance de consultation du CRTC est l’aboutissement d’un processus commencé avec la nomination de Mélanie Joly au ministère du Patrimoine le 4 novembre 2015. Le plan était alors de convaincre Netflix, qui pompait nos dollars par millions, de contribuer modestement à notre système de radiodiffusion. Même l’idée que Netflix facture la TPS avait été rejetée avec une grande légèreté par le nouveau premier ministre Trudeau, qui endossait ainsi l’attitude stupide de son prédécesseur, Stephen Harper.

ENCORE LOIN DU BUT

Huit ans et quatre ministres du Patrimoine plus tard, on a fait un bout de chemin, mais on est encore loin du fil d’arrivée. Netflix et ses semblables n’ont pas encore contribué un sou à notre système de radiodiffusion. C’est tout juste s’ils ont fait ou acheté quelques productions canadiennes. Ils ont distribué des bonbons ici et là et fait surtout des productions américaines, bénéficiant ainsi de notre dollar au rabais et de nos généreux crédits d’impôt.

Durant la dernière décennie, notre paysage télévisuel s’est beaucoup assombri. Des centaines de milliers de Canadiens ont abandonné la câblodistribution et le satellite, vaches à lait du Fonds des médias avec l’État fédéral et sans lesquels notre télévision serait exsangue. Les moins de 35 à 40 ans ne la regardent plus. S’ils font des incursions occasionnelles sur Crave, Illico et tou.tv pour connaître ce dont leurs parents se régalent, c’est sur YouTube, Netflix et les autres plateformes américaines qu’ils trouvent leur plaisir.

La contribution des grandes plateformes à notre système de radiodiffusion est une question de vie ou de mort pour la télévision et, partant, pour notre culture. 

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