« Je regrette d’y être allé », dit un manifestant du convoi de camionneurs à Ottawa
Une photo de la manifestation des camionneurs à Ottawa, en février 2022 (archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-François Poudrier
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un manifestant du rassemblement de camionneurs qui a occupé le centre-ville d’Ottawa pendant plus de trois semaines dit regretter aujourd’hui d’y avoir pris part, après avoir dépensé toutes ses économies en essence et en nourriture pour les participants.
Martin Joseph Anglehart raconte avoir perdu 13 000 $ et son logement en manifestant pour une cause pour laquelle il n’avait pas réellement de position
. Il affirme qu’il ne lui reste plus rien
.
Ses relevés bancaires pour la période du 28 janvier au 14 février 2022, fournis à CBC, montrent que M. Anglehart a transféré des milliers de dollars et en a dépensé des milliers d’autres à un relais routier près du chemin Coventry, où il était stationné pendant la majeure partie de la manifestation.
Martin Anglehart, qui vit actuellement dans son VUS faute de logement, exprime des regrets quant à sa participation et à ses dépenses liées à l'occupation du centre-ville d'Ottawa.
Photo : Capture d'écran/Zoom
En conversation Zoom avec CBC en direct de Hope, en Colombie-Britannique, Martin Anglehart dit vivre actuellement dans son VUS. Il avance que son propriétaire l’aurait expulsé de son logement en raison de son point de vue
concernant la manifestation.
M. Anglehart affirme ne pas pouvoir accéder à son compte bancaire parce qu’il est gelé. Plus de 250 comptes liés à des personnes et à des entreprises impliquées dans des manifestations de convois ont été gelés en raison de l’entrée en vigueur de la Loi sur les mesures d’urgence.
Des millions de dollars ont été amassés pour soutenir les occupants du convoi par le biais de collectes de fonds en ligne. Pour sa part, Martin Anglehart dit ne jamais en avoir vu un cent.
Jamais pris de position sur les mesures sanitaires
liées à la COVID-19
Martin Anglehart soutient ne jamais avoir eu de position sur les mesures sanitaires, mais qu’il s’est senti attiré vers le mouvement lorsqu’il n’a pu rendre visite à un ami mourant dans un hôpital de Montréal en juin 2020, en raison des restrictions liées à la COVID-19
Après avoir entendu parler du convoi à destination d’Ottawa, il a choisi de fermer son entreprise de développement Internet, en janvier, et a quitté son logement de Fort McKay, en Alberta.
[Nous avons] fusionné avec un convoi autour de Medicine Hat
, raconte-t-il. Je pensais que c’était une cause plus grande que moi. Et je pensais que… cela en valait la peine
.
Des milliers de manifestants opposés à la vaccination des camionneurs et aux mesures sanitaires liées à la COVID-19 à Ottawa, le 28 janvier 2022
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le 11 février, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, déclarait que la manifestation constituait une « occupation illégale ».
Quatre jours plus tard, Martin Anglehart dit avoir été arrêté pour avoir livré de l’essence à des camionneurs. Il a été rapidement libéré, mais à condition de quitter immédiatement Ottawa.
Son véhicule Dodge Caravan avait également été saisi et il serait toujours en saisie à l’heure actuelle, puisque M. Anglehart dit ne pas avoir les moyens de le récupérer.
Alors que les sentiments de regret prennent le dessus, les remords se font aussi ressentir.
J’aimerais présenter mes excuses aux gens d’Ottawa [...] Je suis désolé… Tout ce que je voulais, c’était aider les gens.
Une situation peu surprenante, selon un professeur
En entendant l’histoire de Martin Anglehart, le professeur agrégé en droit à l’Université d’Ottawa Joao Velloso a indiqué qu’il n’était pas surpris
.
Le professeur a effectué ses recherches sur le terrain à Ottawa pendant toute la durée de l’occupation. Il y examinait l’aspect anthropologique et sociologique de la manifestation.
Il y a peut-être des gens qui recherchaient un sentiment d’appartenance. [...] Tout le monde en avait assez de la pandémie. Et vous voyez des gens pour la première fois en deux ans. Je peux tout à fait comprendre ça.
Mais il y a un coût relié à cela, a prévenu le professeur.
Nous ne parlons pas de gens qui ont beaucoup de ressources
, a souligné M. Velloso. Ils ont leur camion, ils ont des fonds, [mais] la grande majorité des manifestants […] appartenaient à la classe moyenne, parfois à la classe moyenne inférieure
.
Selon lui, le recours collectif intenté par des résidents et des entreprises du centre-ville d’Ottawa, poursuivant des manifestants pour 300 millions de dollars, pourrait mettre en faillite les personnes nommées dans la poursuite.
En ce qui concerne tous les dons, Joao Velloso admet qu’il est difficile de savoir où tout cet argent est allé.
Ce ne sont pas toutes les personnes présentes qui ont bénéficié de l’argent que certains organisateurs ont reçu
, a-t-il dit. Nous n’avons aucune idée s’il y avait de l’argent noir
impliqué dans les dons, ou encore d’autres sources de financement que nous ne savons pas
, poursuit M. Velloso.
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Avec les informations de Rachelle Elsiufi