/misc
Publicité

L’indifférence crasse du Canada anglophone

L’indifférence crasse du Canada anglophone
QMI


Au Canada anglais, on ne s’émeut guère du très grave ultimatum qu’a lancé le géant Meta à nos médias d’information...

On ne se soucie pas beaucoup plus de la nouvelle Loi sur la diffusion continue en ligne qui forcera les géants du numérique à contribuer à la production de films et d’émissions de télévision canadiennes originales. Il s’agira pourtant d’une ponction infime par rapport aux revenus pléthoriques que tirent les géants de leurs millions d’abonnés au pays.

À la fin de la semaine dernière, le gouvernement d’Ottawa a décidé de suspendre sa publicité sur Facebook et Instagram. Le gouvernement de François Legault a suivi de peu. Tout comme ont fait Québecor, Cogeco, Bell Média (hier), Torstar, Postmedia, Radio-Canada ainsi que plusieurs villes et institutions du Québec. Malheureusement, l’indignation généralisée à la suite de l’ukase de Meta n’a guère dépassé les frontières du Québec. 

Au Canada anglais, même si les trois quarts de la publicité qui avaient l’habitude de se retrouver dans nos médias engraissent maintenant les coffres des réseaux sociaux, plus d’un conteste encore que leur succès soit dû en bonne partie à la reproduction du contenu de nos médias.

LE CONTENU AMÉRICAIN DOMINE 

C’est le cas de quelques forts en gueule, comme Michael Geist, de l’Université d’Ottawa. Ces contestataires sont convaincus que le projet de loi C-18, qui a reçu la sanction royale le 22 juin, rompt les règles normales de notre économie libérale et qu’il constitue en plus une atteinte grave à la liberté de l’internet. Ce sont les mêmes qui s’opposaient avec véhémence au projet de loi C-11. La Loi sur la diffusion continue en ligne faisait pourtant l’unanimité dans tout le milieu audiovisuel. 

C’est triste de l’écrire, mais le contenu américain, que ce soit à la télévision ou au cinéma, domine partout au Canada. Seule la télévision québécoise fait exception. Chez les anglophones, selon un récent sondage de la firme Société des demains, commandité par le Fonds des médias, 53% du contenu qu’ils visionnent est d’origine américaine.

DÉCÈS DE MON FRÈRE JEAN-PIERRE

Cette indifférence crasse à l’égard du contenu canadien sous toutes ses formes, j’ai un frère qui l’a vécue de façon très sensible. Jean-Pierre, plus jeune que moi de quelques années, a rendu l’âme samedi soir dernier au CHUM, à Montréal. Il avait passé les premiers 15 ou 20 ans de sa vie professionnelle à travailler uniquement en anglais. Il fut reporter au Montreal Star, un quotidien aujourd’hui disparu, puis journaliste à la pige pour la CBC à Toronto.

À la suite des événements d’octobre 1970 et surtout après l’élection du Parti Québécois en 1976, Jean-Pierre vit non sans amertume que l’influence de la minorité anglaise du Québec diminuait graduellement comme diminuait aussi l’intérêt des anglophones du reste du pays pour ce qui se passait au Québec. Dans les circonstances, son travail de journaliste en langue anglaise lui apparaissait de moins en moins pertinent. 

Est-il devenu indépendantiste? Il ne me l’a jamais avoué ouvertement, mais le fait qu’il ait terminé sa carrière de journaliste au quotidien Le Jour, fondé par Yves Michaud et Jacques Parizeau, répond en partie à la question. Par la suite, Jean-Pierre se consacra exclusivement à la traduction de l’anglais au français et du français à l’anglais, après avoir participé à la création des Éditions Québec Amérique dont il fut le premier directeur littéraire. J’aurai perdu deux frères, dont mon jumeau, en moins de quatre mois. 

Publicité

Publicité


Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.