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Michelle O’Bonsawin, juge autochtone à la Cour suprême du Canada à l’écoute des jeunes

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Radio -canada

2022-11-17 13:15:00

Le 1er septembre dernier, Michelle O'Bonsawin devenait la première femme autochtone juge de toute l’histoire de la Cour suprême du Canada...

La juge de la Cour suprême du Canada Michelle O'Bonsawin. Source: Radio-Canada
La juge de la Cour suprême du Canada Michelle O'Bonsawin. Source: Radio-Canada
Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, Michelle O'Bonsawin livre avec parcimonie sa personnalité publique aux Canadiens, forte de l'ancrage de ses racines autochtones qu'elle entend faire valoir dans ses fonctions.

« Comme femme autochtone, je fais partie de la diversité canadienne et étant nommée à la Cour suprême du Canada, c’est le temps de prendre ma place », explique-t-elle.

Ses parents possédaient un chalet situé juste avant l’île Manitoulin, dans la province de l'Ontario, et c’est dans cette région qu’elle a assisté à des pow-wow avec ses enfants.

« Ce que j’adore, c'est le tambour, comme un battement de cœur, le tambour me touche beaucoup, la passion ressort lorsqu’on entend le tambour », dit-elle.

Michelle O'Bonsawin est abénakise de la communauté d'Odanak et elle appartient au clan de la Tortue. Elle explique que lorsque les juges de la Cour suprême du Canada viennent dans son bureau, elle partage avec eux le sens des objets traditionnels qu’elle préserve.

« Je raconte que ma plume s’appelle « Jacqueline » en mémoire de ma grand-mère et que mon aile d’aigle porte le même nom.»

Le drame des écoles résidentielles mal connu avant la Commission

En parlant de Murray Sinclair, ex-président de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), Michelle O'Bonsawin explique que les Canadiens et les Canadiennes ne connaissaient pas l’impact désastreux des écoles résidentielles sur les personnes autochtones avant le travail de cette commission.

« Il y a eu un impact intergénérationnel, un impact social et culturel et un impact sur la langue aussi, définitivement, il y a eu un impact immense et les Canadiens n'étaient pas nécessairement conscients. »

Les 94 recommandations qui ont émergé de cette commission touchent différents domaines, tels que l'éducation et la justice. Il s’avère essentiel, selon Mme O'Bonsawin, de faire sa part quant à ces deux thématiques. Elle prononce des conférences sur la CVR et sur son mandat et rencontre également des étudiants d’est en ouest du pays.

« C’est aussi en partageant mes connaissances avec les autres que j’espère rencontrer ma propre obligation en vertu des recommandations de la CVR », souligne-t-elle.

Les rêves des générations qui suivront

C’est dans ce contexte qu’elle parle avec respect des étudiants autochtones et allochtones du pays. Elle encourage ces derniers à être à l’écoute de leurs rêves. Elle encourage également ceux qui le souhaitent à étudier le droit.

Lorsqu'on écoute la juge O'Bonsawin, on sent qu'elle porte les étudiants dans son cœur, comme s'ils étaient ses propres enfants. Comme une mère de clan. Elle se fait le devoir de rencontrer les jeunes Canadiens de toutes origines.

« Nos adolescents sont vraiment intelligents. Les gens ne pensent pas toujours qu'ils sont conscients de ce qui se passe autour d’eux, mais ils le sont. »

En parlant des jeunes femmes autochtones qui ont fait la file pour aller à sa rencontre lors d’une conférence annuelle de l'Indigenous Bar Association, une organisation située à Montréal, elle est présente et à l'écoute.

« Quand je rencontre les jeunes femmes, j’aime savoir qui elles sont, connaître leurs origines et cela me donne une perspective des mentalités des jeunes d’un océan à l’autre et j’ai trouvé cela formidable », glisse Michelle O'Bonsawin.

Cette association représente tous les étudiants et les avocats autochtones au Canada. Elle y a senti un accueil très chaleureux et plusieurs étudiants ont voulu la rencontrer.

La sagesse et la résilience en héritage

Murray Sinclair, originaire de Selkirk, au Manitoba, a été le premier juge autochtone pour ensuite devenir sénateur. Il est de la nation anishinaabe. Michelle O'Bonsawin parle de lui comme d'un mentor. Un homme rempli de sagesse et, d'autant plus, qui lui inspire confiance.

Elle admire et considère également la sagesse de Réjean OBomsawin, un de ses cousins d’Odanak et guide spirituel de la communauté.

« J'ai passé beaucoup de temps avec lui afin d'apprendre au sujet de ma propre culture et de nos traditions », précise-t-elle.

Elle parle également d’une aînée de Vancouver qu’elle a rencontrée l'année dernière à une conférence.

« C’est quelqu'un qui m’a vraiment touchée, elle est survivante des écoles résidentielles et son vécu est tellement touchant, elle est sage », ajoute-t-elle.

C'est avec finesse qu'elle parle des aînées et des autres femmes leaders dans les communautés.

« Elles m’ont influencée pour devenir aussi bonne qu'elles. »

Des défis pour les étudiants francophones et les Autochtones

Au Canada, il y a juste deux écoles francophones qui offrent des baccalauréats en droit spécifique à la common law et ce sont l'Université de Moncton et l'Université d'Ottawa.

« Quand tu penses qu’il n’y a que deux universités qui offrent ce programme-là en français, ce n’est pas évident, il faut vraiment travailler fort pour être admis dans un programme unique et limité », précise celle qui a obtenu notamment un baccalauréat en droit, ainsi qu'un doctorat en droit à l'Université d’Ottawa.

Selon Michelle O'Bonsawin, c’est important de connaître le droit canadien et de s'y impliquer, car « c'est en faisant partie de ce système-là que l’on peut faire des améliorations, par notre propre culture, notre personnalité, notre propre vécu et faire valoir nos traditions, notre culture et les lier au droit canadien ».

« J'ai une perspective unique parce que lorsque l’on vient d'un milieu plus diversifié, on vit les choses différemment des autres. Je suis une femme autochtone qui vient d’un petit village francophone, cela mène à une expérience que les autres n’ont pas nécessairement. »

La justice et les femmes autochtones

En tant que femme autochtone, c’était important pour elle de poursuivre ses rêves.

La juge à la Cour suprême démontre un grand intérêt quant aux taux très élevés d’incarcération des personnes autochtones qui sont surtout des femmes autochtones.

« Les chiffres publiés dans la dernière année démontrent que les femmes autochtones sont incarcérées à 50 % et les hommes à 32 %, pour une population de moins de 5 %. Ces chiffres sont vraiment inacceptables », martèle-t-elle.

Les pensionnats ont eu des conséquences dévastatrices sur les familles et les femmes autochtones.

Selon Michelle O’Bonsawin, « les femmes autochtones ont perdu leurs rôles traditionnels dans les communautés ».

C'était important pour elle de poursuivre ses rêves afin de devenir avocate, juge et, par la suite, siéger à la Cour suprême du Canada.

« Comme toute autre femme, nous voulons essayer d’améliorer les choses. Des fois, on apporte une perspective de plus qui peut aider », conclut-elle.
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