De gauche à droite : Rose-Aimée Bélanger, François Larocque, Tréva Cousineau et Luc Bussières. Montage ONFR

Cette année encore, Francopresse a révélé le palmarès des dix personnalités influentes de la francophonie canadienne 2023. Parmi les dix personnes choisies par le jury, on compte quatre Franco-Ontariens : Rose-Aimée Bélanger, sculptrice francophone reconnue internationalement, le recteur de l’Université de Hearst, Luc Bussières, mais aussi Trèva Cousineau, figure de proue de la francophonie et François Larocque, chercheur, avocat et professeur à la Faculté de Droit de l’Université d’Ottawa. 

En novembre 2023, le monde a fait ses adieux à Rose-Aimée Bélanger, une artiste franco-ontarienne de renom, à l’âge vénérable de 100 ans. Dotée d’une carrière artistique exceptionnelle de plus de 40 ans, cette figure féministe et engagée du Nord de l’Ontario, a laissé un héritage indélébile.

Originaire de Guérin, dans le Témiscamingue québécois, elle est arrivée en Ontario en 1946. Pour son centenaire, ONFR avait réalisé un reportage sur les sculptures de l’artiste franco-ontarienne. Parmi ses œuvres, l’une des plus connues se trouve à Montréal : Les Chuchoteuses, une œuvre en bronze représentant trois femmes profondément absorbées par leur conversation. Cette œuvre a été installée en 2006 dans le cadre d’un projet de revitalisation des quartiers oubliés du Vieux-Montréal. 

L’œuvre de la sculptrice Rose-Aimée Bélanger, Les Chuchoteuses. Crédit image : Louise Tanguay

Au cours de sa carrière prolifique, Rose-Aimée Bélanger a créé plus de 1000 sculptures, propulsant ainsi sa renommée à l’échelle mondiale. Ses œuvres parcourent les galeries du monde entier, enchantant les amateurs d’art et trouvant refuge entre les mains de chanceux propriétaires. L’héritage artistique de cette talentueuse franco-ontarienne continue de rayonner avec cette récompense. 

Un clin d’œil à l’éducation 

Luc Bussières s’engage en faveur de l’épanouissement de l’éducation universitaire dans le Nord de l’Ontario depuis déjà 25 ans. 

En 2017, il est le recteur de l’Université de Hearst. C’est lui qui aura dirigé l’établissement vers son indépendance et qui aura joué un rôle crucial dans les discussions actives sur le futur de l’éducation postsecondaire en Ontario français. 

L’Université de Hearst a fêté ses 70 ans d’existence en 2023, et a enregistré un bond important de 174 % d’augmentation du nombre d’inscriptions depuis 2014. Archives ONFR

Luc Bussières représente non seulement cet héritage, mais aussi le militantisme francophone. Toujours préoccupé par la durabilité de l’offre universitaire à Hearst, Kapuskasing et Timmins, il a été un des architectes clés de la transformation de l’établissement en participant à la création d’un modèle d’enseignement par bloc, une approche novatrice et peu commune. Luc Bussières continue de marquer de son empreinte le paysage éducatif, contribuant de manière significative à la réflexion et à la mise en œuvre de nouvelles méthodes d’enseignement dans la région.

«  Le bouclier de la francophonie  », une nouvelle fois couronné

Appelée «  le bouclier de la francophonie  » par le chroniqueur Denis Gratton, Trèva Cousineau a consacré cinquante ans de sa vie à la promotion de la langue française à l’échelle locale, provinciale, nationale et internationale.

Née à Timmins en 1937, Trèva Cousineau est récipiendaire de nombreux prix, dont le prix Bernard Grandmaître en 2022 et récemment, en 2023, l’une des sept personnes nommées membres honoraires du Centre de la francophonie des Amériques. 

Tréva Cousineau a aussi été reçue à l’Ordre de la Pléiade et à l’Ordre de la francophonie des Amériques. Crédit image : Stéphane Bédard

Enseignante, diététiste à la retraite, Trèva Cousineau siège toujours dans plusieurs comités. Elle est notamment présidente du Conseil sur le vieillissement d’Ottawa.

En entrevue avec ONFR, Mme Cousineau avait rappelé l’importance des monuments de la francophonie, espérant secrètement en voir un sortir de terre à Timmins. 

«  Les monuments sont importants, car c’est quelque chose qui reste et qui nous représente  », avait-elle dit.

La recherche pour faire avancer les droits 

Le professeur et avocat franco-ontarien François Larocque joue un rôle actif dans la recherche sur les enjeux linguistiques et dans la défense des droits linguistiques de la minorité francophone au Canada. 

En tant que titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en droits et enjeux linguistiques, récemment renouvelée en 2023, François Larocque intervient également en tant que conseiller dans d’importantes affaires linguistiques, collaborant étroitement avec des organisations associatives et communautaires.

Son influence s’étend notamment à la reconnaissance des minorités linguistiques dans le cadre du projet de loi sur l’apprentissage et les services de garde (C-35). De plus, François Larocque s’est investi activement dans la réforme de la Loi sur les services en français de l’Ontario et de la Loi sur les langues officielles du Canada, démontrant ainsi son engagement constant en faveur des droits linguistiques et de la promotion de la francophonie au sein du pays.

Le professeur en droit de l’Université d’Ottawa Francois Larocque a été trés impliqué dans le projet de loi C-35 et la nouvelle Loi sur les langues officielles. Source : Université d’Ottawa

En reconnaissance de son leadership, de son engagement communautaire et de ses contributions notables, le professeur Larocque a été honoré de plusieurs distinctions. 

Parmi celles-ci figurent l’Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) en 2014, l’Ordre des francophones d’Amérique en 2019, le Prix d’excellence de la Faculté de droit en matière d’engagement et d’éducation publique en 2020, et l’Ordre de la Pléiade en 2020.

Originaire de la communauté franco-ontarienne de Sturgeon Falls, M. Larocque continue de marquer son parcours par un dévouement constant envers la promotion des droits linguistiques et de la justice en français.

Les personnalités influentes hors Ontario 

À l’extérieur de l’Ontario, le Palmarès Francopresse des dix personnalités influentes de la francophonie canadienne souligne également le travail d’Olivier Hussein au Nouveau-Brunswick. 

Ayant fui son pays d’origine pour devenir réfugié au Canada en 2009, ce Congolais s’est investi depuis de nombreuses années dans la promotion de la diversité et de l’inclusion. Ses préoccupations principales portent sur l’immigration francophone et l’engagement des jeunes.

Toujours au Nouveau-Brunswick, Jean-Marie Nadeau a occupé une position centrale dans le débat relatif au changement de nom de l’Université de Moncton. L’initiative a pris son essor avec la publication d’une lettre ouverte en février 2023, où il plaidait en faveur du nouveau nom : Université de l’Acadie. Malheureusement, au début du mois de décembre, le conseil de l’Université a décidé de ne pas aller de l’avant avec cette dénomination

Le Palmarès Francopresse reconnaît également l’autrice-compositrice-interprète jazz-folk et réalisatrice fransaskoise Alexis Normand, notamment avec son documentaire Assez French qui met en lumière le lien entre sa famille exogame et le français. 

Alexis Normand a été porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie 2023, au cours desquels son documentaire Assez French a été projeté. Crédit image : Nicole Romanoff

Du côté de la Nouvelle-Écosse, la directrice générale de la Société acadienne de Clare, et vice-présidente du comité organisateur du Congrès mondial acadien 2024, Natalie Robichaud, s’est fait remarquer pour son souci dans la préservation du patrimoine local et acadien.

Enfin, au Yukon, ce sont Leslie Larbalestrier et Marguerite Tölgyesi qui reçoivent cette nouvelle distinction.

D’abord bénévole au comité Jeunesse Franco-Yukon, Marguerite Tölgyesi, a par la suite, étendu son engagement en rejoignant la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), d’abord en tant que vice-présidente puis en accédant à la présidence. En septembre, son mandat s’est terminé, mais elle reste impliquée au sein de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). 

Leslie Larbalestrier est originaire de Belgique et vit à Whitehorse au Yukon. Étant passée elle-même par le parcours de l’immigration, elle participe à l’intégration des personnes immigrantes. Sa garderie francophone de Whitehorse a reçu le prix Connexion employeurs Réseau de Développement économique et Employabilité du Canada (RDÉE) pour son engagement envers les personnes immigrantes au Yukon.

Pour la neuvième année consécutive, Francopresse souligne le travail de dix personnes qui ont une incidence sur leur francophonie des quatre coins du pays. Montage : Chantal Lalonde